Le renard bleu… »Melrakki » en Islande

Un centre dédié au renard polaire

Le Centre Melrakki, situé à Súðavík, à une trentaine de kilomètres de Hornstrandir, joue un rôle clé dans la sensibilisation et la recherche sur le renard polaire. Fondé par Ester Rut Unnsteinsdóttir, ce centre a vu le jour malgré des réticences initiales, notamment de la part de chasseurs et de certains décideurs politiques. Ester a aussi mis en lumière des préoccupations environnementales importantes, notamment la présence de mercure dans l’alimentation des renards, un phénomène qui pourrait expliquer une récente baisse de leur population.

Ce centre ne se contente pas de préserver cet animal emblématique ; il fournit également un espace pour approfondir la compréhension de son écosystème et des menaces qu’il affronte, tout en réconciliant parfois les intérêts divergents des chercheurs et des chasseurs locaux.

Une expédition hors du commun

Le Hornstrandir est une terre extrême, caractérisée par des falaises abruptes, des vallées verdoyantes en été, et un manteau de neige impitoyable en hiver. Il n’y a ni route, ni village, ce qui en fait un sanctuaire naturel parfait pour le renard polaire (Vulpes lagopus), seule espèce de mammifère indigène d’Islande.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, cette région abritait une petite communauté humaine vivant de l’élevage de moutons et de canards eider. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, les opportunités économiques offertes par les bases militaires américaines et britanniques ont incité les habitants à quitter progressivement la péninsule. La dernière famille est partie en 1957, laissant derrière elle un territoire où le renard polaire a continué à prospérer. Aujourd’hui, ce prédateur emblématique est devenu une source d’intérêt pour les randonneurs, les scientifiques et les anciens résidents qui reviennent restaurer les fermes familiales.

La zone, maintenant totalement protégée de la chasse, sert de laboratoire naturel pour l’étude du renard polaire. On estime qu’environ cinquante couples vivent dans cette région, chaque couple élevant en moyenne quatre petits par an.

Les menaces contemporaines : tourisme et changement climatique

Si le réchauffement climatique modifie peu à peu l’écosystème du Hornstrandir, en repoussant certaines populations d’oiseaux plus au nord, c’est aujourd’hui le tourisme qui représente la menace principale pour le renard polaire. De nombreux randonneurs, souvent par curiosité ou ignorance, s’approchent des terriers et perturbent ainsi les périodes cruciales d’allaitement des renardeaux, qui s’étendent de mai à mi-juillet.

Ester Rut Unnsteinsdóttir insiste sur l’importance de respecter une distance d’observation. Elle recommande d’éviter les zones de terriers pendant ces mois sensibles, ou de limiter le temps d’observation à cinq minutes maximum, en utilisant des jumelles pour les admirer de loin. Ces précautions permettent de minimiser l’impact humain et de garantir que le renard polaire puisse continuer à prospérer dans cet habitat unique.

Un renard bleu ? une question de génétique et d’adaptation.

Le renard polaire présente deux formes principales de pelage : la forme blanche et la forme bleue. La forme blanche est la plus courante, avec un pelage immaculé en hiver et brun en été. Elle est particulièrement adaptée aux environnements enneigés, offrant un excellent camouflage.

La forme bleue, en revanche, reste brunâtre toute l’année, avec des nuances plus foncées. Cette variation est génétiquement déterminée et est plus fréquemment observée dans les régions côtières où la neige est moins présente et où le camouflage hivernal n’est pas aussi nécessaire. La forme bleue représente environ 5 à 20 % des populations selon les zones.

Cette différence d’apparence reflète l’adaptation des renards à des environnements variés. Les individus de forme bleue prospèrent souvent près des côtes, où les ressources alimentaires et les habitats diffèrent de ceux des terres intérieures dominées par la neige.

Ici un renard polaire de forme « bleue » rencontré non loin de la côte, entre géranium et orchidées sauvages…

Portrait d’un survivant

Le renard polaire est une étude de l’adaptation. Sans compter sa beauté, son intelligence, sa fourrure exceptionnelle, est sans doute la plus isolante du règne animal. Aussi ses petites oreilles et son museau court réduisent la perte de chaleur. Capable de survivre à des températures allant jusqu’à -60°C, il est un exemple saisissant de l’évolution dans des conditions extrêmes.

Cette espèce joue également un rôle écologique crucial. Opportuniste, elle se nourrit de lemmings, d’oiseaux, de vers, poissons et de charognes. La mer est une aubaine car elle ramène parfois de quoi se nourrir lorsque la marée est basse. Dans le Hornstrandir, les renards polaires dépendent étroitement des colonies d’oiseaux marins pour leur survie, en particulier durant l’été.

Les renards polaires ont la particularité d’être monogame. Une fois adulte, le renard recherche un partenaire avec qui il restera pour toujours. Ils ne se reproduisent qu’une fois chaque année, entre mars et avril.

Conclusion

Ces expéditions dans le Hornstrandir restent gravées dans ma mémoire. Elles m’ont appris non seulement à mieux comprendre le renard polaire, mais aussi à apprécier la fragilité et la résilience de l’écosystème arctique. Je suis reconnaissant envers Phil Garcia pour son partage de connaissances et pour m’avoir accompagné dans cette aventure exceptionnelle.

Si vous avez l’occasion de visiter cette région, rappelez-vous que vous pénétrez dans le royaume du renard polaire, un monde où la nature règne en maître.


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